Abstract
La question de la responsabilité du scientifique trouve son origine dans la prise de conscience que son activité de déchiffrement du monde n’est pas en fait fondamentalement distinguée, même si elle l’est méthodologiquement, de son existence et donc de son action sur ce monde. Quelle voie le scientifique peut-il alors raisonnablement adopter entre deux positions extrêmes, dont l’une consisterait à renoncer à toute recherche, de peur des conséquences inévitables qu’elle risque d’entraîner, et l’autre à considérer que, quelles que soient ces conséquences, prévisibles ou imprévisibles, elles ne doivent en rien encombrer l’esprit du chercheur, uniquement préoccupé de l’avancement de sa science ? La science-fiction, dont le cœur de la démarche consiste justement à spéculer sur les conséquences possibles de l’activité scientifique sur les plans les plus divers (technologie, politique, psychologie, métaphysique, etc.) est un lieu privilégié d’exploration de cette question, et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles nombre d’auteurs du genre se recrutent parmi les scientifiques eux-mêmes.
Si seules quelques grandes figures archétypales (Frankenstein, le Docteur Jekyll, « le savant fou », etc.), situées plutôt sur le versant négatif de la responsabilité, semblent avoir été retenues par la culture populaire, dont le cinéma apparaît à la fois comme un témoin et un vecteur, elles cachent en fait une très grande variété de figures et de configurations de responsabilité possibles, dont la complexité et la finesse de résolution ne cessent d’être développées et approfondies dans la littérature contemporaine de science-fiction.
| Translated title of the contribution | Que peut-on apprendre de la science-fiction sur la notion de responsabilité scientifique ? |
|---|---|
| Original language | English |
| Title of host publication | La figure du scientifique dans les récits de fiction, MISHA, Strasbourg, France |
| Publication status | Published - Nov 2011 |
Bibliographical note
Conference Organiser: Allamel-Raffin C, Fraisse M, Moktefi A, Musset M, Poupardin EOther: 14-15/11/2011